Categoryrestauration

pyramides reliquaires

 

pyramides-reliquaires

 

Parmi les merveilles et curiosités que possède le trésor de notre cathédrale, ces pyramides reliquaires ont requis des soins particuliers pour assurer leur conservation.

Le restaurateur a avancé suffisamment d’arguments pour dater finalement ces pièces du XIXe siècle, copies du style Boulle.

La remise en question de leur datation entraîne celle de leur origine.  Les archives étant muettes à leur sujet, on peut espérer en savoir plus sur ces pièces par l’analyse des reliques qu’elles renferment, chaque ordre ou congrégation religieuse ayant des dévogions particulières à certains saints plus qu’à d’autres.

 

Restauration du Dieu piteux

 Le Christ assis au calvaire

                                                     ou le bon Dieu de Pitié

                                                     ou le Dieu piteux

Sous ces appellations, un Christ couronné d’épines, les mains liées, est représenté assis et portant parfois un manteau rouge jeté sur ses épaules.

La statue du Dieu piteux qui se trouvait dans la chapelle du Saint-Sacrement avant les travaux de la cathédrale a été restaurée par l’atelier de Monsieur P. Bricout.  Chargé par les Amis de la Cathédrale d’une remise en état, ce maître artisan a procédé à une restauration de qualité en restituant à la pièce son état original évalué selon le contexte de sa provenance, soit l’ancienne abbatiale tournaisienne de Saint-Médard, à décoration baroque.

Sous les regards de Notélé (voir le reportage …), une présentation de l’oeuvre par Monsieur Bricout a eu lieu ce 19 mai 2015 au profit des membres de l’association.

La statue est a été exposée à la veille de Pâques 2014 devant l’autel des célébrations de la nef.

Il importe de ne pas le confondre le Dieu de Pitié avec l’Ecce Homo, la différence venant du fait qu’il soit assis, au pied du calvaire et qu’il attende en effet d’être cloué sur la croix. A l’appui de cette proposition, il y a le crâne, qui affleure du sol et que la Tradition identifie à celui d’Adam dans son désir de voir le Christ, l’Homme Nouveau doit être crucifié sur la tombe de l’Homme Ancien.

DieuPiteuxLa Tradition, surtout statuaire ou iconographique ne reflète pas toujours le contenu des Évangiles, mais elle entend généralement mettre en relief une intuition théologique.

En l’occurrence, R. Didier (1) pense qu’il faille ici se référer aux écrits de Johannes Brugman (1400-1473) qui disserte sur le Christ assis sur une pierre en attendant son supplice. Celle-ci pourrait être mise en relation avec un objet de dévotion de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem : une pierre sur laquelle Jésus se serait assis avant d’être fixé au bois de la croix.

Cette représentation n’est pas rare: au XV ème siècle, Émile Mâle (2), s’appuyant sur la littérature médiévale, celle des Mystères en particulier, pense que cette image a hanté l’imagination populaire impressionnée par le détail des étapes de la montée au calvaire. Les arts devenus plus sensibles se sont alors emparés de la Passion et ont contribué à la diffusion de l’image du Christ aux outrages.(3)

Émile Mâle insiste sur le rôle des Mystères parce qu’il pense que c’est au théâtre que l’on a pu voir pendant quelques instants le Christ dépouillé de sa tunique, assis, attendant avec résignation que les bourreaux achèvent les préparatifs de sa crucifixion. C’est peut-être la raison pour laquelle les statues du Christ ainsi isolé seront un des topiques préférés de la dévotion populaire. On lui ajoutera progressivement le manteau sur les épaules et on lui mettra en mains un roseau en signe de sceptre. La plupart du temps, le Christ incline la tête sur l’épaule gauche, ses mains croisées sont liées par une grosse corde qui, parfois aussi lui entrave les chevilles.

Dans nos régions, cette dévotion fut jadis extrêmement populaire et si ces images ont quelques traits communs, les variations de détails sont infinies.

Les représentations du Christ assis au calvaire traverseront les siècles jusqu’au XVII ème et même, plus rarement, jusqu’au XVIII ème siècle.

Mais toutes ces images pathétiques s’opposaient à l’esprit grec qui allait fleurir avec la Renaissance. Les Christs ne seront plus écrasés de douleurs, ce seront des athlètes, comme ceux de Michel-Ange, qui méprisent la douleur et apprennent à la mépriser.

Ces deux visions cohabiteront de telle sorte que l’on a pu parler de l’histoire de l’art de la Renaissance, dans nos régions, comme celle d’un lutte entre ces deux principes le pathétique issu de la fin du Moyen-Age et de la Devotio Moderna et la maîtrise qui entend maîtriser la vie, caractéristique d’un humanisme quelque peu stoïcien.

  1. Didier R., Un Christ anversois conservé à Binche in Bulletin de l'Institut Royal du Patrimoine Artistique, 1963, n°VI, p.180
  2. Mâle E., L'art religieux à la fin du Moyen-Age en France, Études sur l'iconographie du Moyen-Age et ses sources d'inspiration,  Paris, Armand-Collin, 1931 L'auteur y explique qu'au XV ème s., les œuvres sont plus sombres et plus tragiques et la Passion du Christ devient l'objet, non plus de considérations dogmatiques comme précédemment, mais de représentations sentimentales qui parlent au cœur. Les franciscains ont fait naître de nouvelles formes de sensibilité, notamment par un livre de méditations sur la Passion du Christ, que l'on attribua longtemps à St Bonaventure, mais qui est en réalité l'œuvre d'un Franciscain inconnu du XIII ème s. L'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ a lui aussi favorisé la rencontre de la mystique et de l'art.
  3. La méditation des scènes de la Passion se développe et les livres de piété y contribuent en donnant des détails qui frappent l'imagination. Ainsi d'après le Speculum Passionis, la couronne d'épines était composée de septante-sept épines dont chacune portait trois pointes. Un autre traité pieux, l'Horologium Passionale , s'efforce de mettre en relation les différentes heures du jour avec les étapes de la Passion. C'est de ce temps également que datent les représentations plus doloristes du Christ en croix, qui est de plus en plus saisie comme un gibet. Un détail emprunté aux mystiques vient également changer la figure du Christ et croix : il garde désormais sa couronne d'épines et il arrive qu'avec réalisme, sa barbes et ses cheveux soient poisseux de sang.

restauration de l’obiit du chanoine Cazier

On appelle obiit cette pièce héraldique accrochée généralement, lors du rituel de funérailles, au catafalque.  Peinte sur toile à fond noir, elle représente les armes ou les écussons du défunt en y mentionnant l’année de sa naissance et du décès.   L’usage moderne attribue actuellement une couleur brune au fond de la toile.
cazierDans le déambulatoire de la cathédrale étaient accrochés les obiits des chanoines défunts.   … Défunts ou pas toutefois, car sur certains la date du décès n’était pas mentionnée que peu avant la cérémonie.  La plupart sont décorés de sorte qu’ils puissent être présentés sur pointe.

Les Amis de la Cathédrale ont reçu à titre de don une de ces pièces figurant le nom du chanoine Gabriel-Joseph de Cazier, chanoine du Chapitre (XVIIIe siècle).  Nous ne pensons pas devoir attribuer un motif symbolique ou héraldique à la particularité que son obiit soit présenté sur champ.

Baptisé à Notre-Dame le 10 juin 1689, Gabriel-Joseph de Cazier était le huitième enfant (il y en eut dix)  d’Adrien Cazier (1634-1712), capitaine d’infanterie au service de S.M. Catholique, juré et échevin de la ville et de Marie Anne Ranson († 18-01-1709), fille de Jacques et d’Anne de la Fosse.

Quatre inscriptions en phylactères entourent les emblèmes : en haut à gauche « OBIIT.30 », en haut à droite, « JANUARII » ; au milieu du bas : « ANNO – 1734 ».  Au-dessous, les motifs d’armoiries sont complétés de sa devise « DEO.ET CEZARI », soit l’anagramme de Cazier dont le nom est repris en noir plus bas.

Surmontées d’un angelot, les armes correspondent à celles décrites par P.A. du Chastel de la Howardrie dans « Notices généalogiques tournaisiennes dressées sur titres » (1881), à savoir :

Parti : à dextre : coupé, en chef, d’argent, à la rose de gueules feuillée de sinople et parsemée d’or ; en pointe, d’azur, à trois étoiles d’or, à huit rais ; – à senestre : d’argent, à la demi-aigle éployée de sable, lampassée et membrée de gueules, mouvant du parti.

Détachée de son support rigide, la toile (63 cm x 55 cm) a, hélas, été pliée en quatre pour en faciliter le rangement.  De ce fait, la peinture s’est écaillée et a perdu de ses parcelles ; le noir de jadis s’est sensiblement fané.  Les Amis de la Cathédrale vont faire procéder à la restauration de la pièce pour la confier au fonds des Archives et Bibliothèque de la Cathédrale de Tournai.

Cette pièce a fait l’objet d’un remarquable travail de restauration par Laura Guilluy, étudiante en conservation et restauration d’art à  La Cambre – Bruxelles (juin 2015).

restauration du dais de procession

Un remarquable travail de restauration a été entrepris par les ateliers de l’IRPA (Institut royal du Patrimoine artistique) sur le dais de procession datant du XVIIIe siècle.  Ses broderies et son ciel ont été confectionnés par des artisans de Beauvais et ont acquis, dès leur livraison à la cathédrale en 1739, une assez grande notoriété.  A l’origine, et jusqu’à la fin de l’ancien régime, ce dais très coûteux pour l’époque, n’était utilisé que pour les cérémonies qui se déroulaient à l’intérieur de la cathédrale.  Par la suite, on l’a porté en ville lors de la Grande Procession.

Dais ND KT OCT 2012 009

Le ciel en tapisserie, représentant le Père et l’Esprit dans la gloire céleste, présente quelques déchirures.  Les médaillons des pans s’abîment eux aussi, les fils de soie et d’or se détendent en raison des tractions qu’exercent sur eux les mouvements des porteurs.

Les experts de Lyon, de Versailles, de Bruxelles abordés pour envisager cette restauration ont manifesté leur admiration devant cette pièce de mobilier.

Dais ND KT OCT 2012 014

100_9863

 

 

 

 

 

 

 

restauration de la tapisserie “Histoire de Jacob (XVIe siècle)

DSC06669jacob

 

 

 

 

 

La tapisserie “Les retrouvailles de Joseph et Jacob en Egypte” fait partie d’un groupe de quatre tapisseries plus ou moins complètes, vestiges d’une tenture en 10 pièces dite de “L’Histoire de Jacob” tissée à Bruxelles d’après les cartons de Bernard Van Orley.  En 1554, elle fut offerte à la cathédrale par l’évêque Charles de Croÿ, prélat de l’entourage de Charles-Quint.

L’intérêt particulier de cette suite est d’être une commande d’un prince de l’Eglise de nos régions et un don à une cathédrale de chez nous.  Elle était tendue sous les verrières hautes du choeur lors des grandes fêtes liturgiques.  De la même qualité que la première tenture tissée en 1534 pour un cardinal romain, actuellement présentée en totalité aux Musées du Cinquantenaire, et qu’une deuxième tenture dont six pièces faisant partie de l’héritage des Médicis sont conservées aux Offices à Florence, elle constitue un “patrimoine exceptionnel et rarissime”.

restauration de la tapisserie “Ecce Homo”

Christ_grpl

 

 

Le “panneau d’or” dit de l'”Ecce homo” fait partie d’un groupe de 64 “tapisseries dévotionnelles de petite taille” récement répertoriées à travers le monde.  Tissé de laine, soie et fils d’argent, il ornait le monument funéraire du chanoine Nicolas Pottier inhumé dans la cathédrale en 1534.

 

 

bordure_bas_ecusson

L’état de conservation étonnant de cette oeuvre, probablement tissée à Bruxelles, témoigne de la considération dont elle était entourée par le chapitre, ce qui lui a permis d’échapper à la fureur des siècles.  L’IRPA a été chargé de son nettoyage et de sa conservation.

 

restauration de la chasuble portée par saint Thomas Becket

Ce vêtement témoigne des relations au Moyen Age entre l’Angleterre et l’abbaye tournaisienne de Saint-Nicolas-des-Prés à laquelle il fut donné.  Porté par Thomas Beckert, archevêque de Canterbury, la chasuble fut considérée comme une relique à l’annonce de son assassinat sur les marches de sa cathédrale le 29 décembre 1170.
irpa1ThB
Elle fut pieusement conservée à travers les siècles et donnée à l’évêque de Tournai en 1838 par le dernier chanoine survivant de l’abbaye supprimée à la révolution française.
ensembleIl s’agit d’un ample manteau réalisé dans un samit de soie du 12e siècle orné de motifs géométriques tissés en fil d’or.  Le travail de conservation a été mené par l’IRPA.